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The Sunset Limited (Hbo films) de Tommy Lee Jones (USA, 2011).

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Le téléfilm est l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre de Cormac McCarthy du même nom, pas encore traduite en français à ce jour. Plusieurs livres de cet auteur ont déjà été adaptés au cinéma : The Road, No Country for Old Men, pour en citer deux, assez connus. Le film est réalisé par Tommy Lee Jones, qui interprète aussi le rôle du « Blanc ». Il a pour originalité de confronter deux hommes aux convictions bien arrêtées : un blanc, professeur et athée, et un noir, ex-prisonnier et croyant (Samuel L. Jackson). L’un veut attenter à sa vie, l’autre le sauver. L’image du Blanc non croyant et du Noir croyant est un peu clichée, mais le téléfilm a d’autres qualités.

Cormac McCarthy a un art consommé du dialogue et il le manifeste ici par la manière dont il relie dramatiquement plusieurs thèmes à caractère religieux. J’en cite quelques-uns : la question du sens (« Tout ce qui se produit n’a pas forcément un sens caché », dit le Blanc, 2’10’’), celle du temps et de l’urgence, bien qu’indéfinie (le Blanc dit à intervalles réguliers : « Il faut que j’y aille »[1]) celui de l’ange gardien, inévitable, une première fois de manière rapide et peu appuyée (5’10’’), une seconde fois beaucoup plus clairement (« où est-ce que vous étiez, je vous avais pas vu ? » dit le Blanc, à partir de 12’10’’, question qui restera sans réponse), la personne de Jésus (« vous pensez vraiment que Jésus est dans cette pièce ? » demande le Blanc), la mort, lorsque le Noir évoque sa vie avant d’avoir entendu le Christ (« une vie dans la mort, voilà ce que ça m’a apporté », 7’56’’), ou lorsqu’il évoque la vie du Blanc avant d’être dans son appartement (17’51’’), la Bible, comme livre qui indique la volonté de Dieu, l’indifférence (le Blanc a refusé d’être présent à la mort de son père), l’entraide (« quand on veut aider les gens dans la merde, on est bien obligé d’aller là où il y a de la merde, on a pas vraiment le choix » dit le Noir, 22’51’’), la foi et les croyances, j’y reviendrai, et bien-sûr la question de Dieu et de sa miséricorde (« s’il m’a parlé à moi, il peut parler à n’importe qui » dit le Noir, 41’).

Examinons plus particulièrement un thème, celui de la foi, sans doute un des deux plus importants, avec la mort. Le professeur affirme d’abord avoir accordé de la valeur à tout ce qui est culturel : « les livres, la musique, l’art ». Il va plus loin : « ce sont les fondements de la civilisation » (13’18’’). Par la suite, ces éléments ont perdu de la valeur à ses yeux. Il explique : « Les gens ont cessé de leur accorder de la valeur et moi également jusqu’à un certain degré, je ne suis pas sûr de savoir pourquoi. Ce monde est quasiment révolu, et il le sera bientôt totalement. (…) Les choses que j’aimaient étaient très fragiles, très éphémères. Je ne le savais pas je les croyais indestructibles ». Pourquoi cette perte de valeurs ? La réponse ne viendra pas. « On m’a demandé si je ne trouvais rien d’étrange au fait de devoir être là d’assister à la mort de toute chose, et si je trouve ça étrange. Il faut que quelqu’un soit là ». « Et vous n’avez aucune envie d’être cette personne ? » dit le Noir. « Non », réplique le Blanc. « Je ne crois absolument à rien sauf au Sunset Limited » (15’13’’). « Il n’existe plus rien de ce en quoi je croyais ». La discussion rebondit plus loin, le Blanc demande alors pourquoi le Noir n’accepte pas que certaines personnes ne croient pas en Dieu (33’25’’). Mais ce n’est pas cela que le Noir n’accepte pas, c’est que les gens se suicident à cause de leur absence de foi, et la raison en est, parlant de Dieu : « Parce qu’Il nous l’a défendu » (33’47’’). Mais la question revient encore, au fur et à mesure que se développe la discussion. Le Noir dit : « Celui qui ne croit pas a un problème, il s’évertue à expliquer le monde mais chaque fois qu’il montre ce qui est faux, il laisse deux choses en suspens » (42’45’’). En vérité : « C’est ce en quoi vous croyez qui vous tire vers le néant pas ce en quoi vous ne croyez pas » (54’31’’). Ce qui est pas mal vu. Enfin, suggérant de tout mettre à plat et de recommencer à zéro : « Il est possible que la foi c’est quelque chose qu’on a quand il ne reste rien d’autre ».

Avant de commenter brièvement ces questions, abordons les raisons qu’à le Blanc suicider. De manière générale, convient le Noir, les raisons qu’ont les gens de vouloir se suicider sont personnelles. Mais (le Noir analyse les propos du Blanc), « pour le professeur », elles sont plus « élégantes », car elles se rapportent « au monde » (1h 12’ 21’’). Bien plus tôt le Blanc en effet avait expliqué : « La civilisation occidentale est toute entière partie dans les fumées de Dachau et j’étais trop aveuglé pour le voir. Je le vois aujourd’hui » (15’32’’). À un autre moment, il résume sa pensée : « La vision la plus sombre est toujours la bonne. Quand on lit l’histoire du monde ce qu’on voit c’est une saga de cupidité, de folie, de sang versé dont la signification est impossible à ignorer. Et pourtant on s’imagine que l’avenir sera miraculeusement différent. Je ne sais pas du tout pourquoi on est encore là. Selon toute probabilité on sera plus là très longtemps » (1h 05’ 40’’). Finalement le Noir veut comprendre comment le Blanc voit le monde. Ce dernier lui explique alors : « Je dis que le monde n’est ni plus ni moins qu’un camp de travaux forcés duquel les ouvriers parfaitement innocents ne sont soustraits par tirage au sort quelques-uns chaque jour que pour être exécutés » (1h 12’ 57’’).

Mais finalement, au-delà de toutes les raisons, il y en a une qui ne sera dite que tout à la fin, une chose à laquelle le Blanc ne veut pas (ne peut pas ?) renoncer. Poussé dans ses retranchements pas le Noir, il explique : « Faire le deuil de tout est le but auquel je suis arrivé. J’ai travaillé dur pour y arriver là. La seule chose à laquelle je refuse de lâcher prise, c’est de lâcher prise. Ça m’aidera à aller jusqu’au bout ». Ce qui mène à quoi ? « Ce que je veux, c’est le néant. Je n’aspire qu’à une chose, la mort, la vraie » (1h 17’ 53’’). Là, enfin, il se dévoile tout entier.

Tout au long du dialogue, le Noir ne se laisse pas dérouter. S’il y a un point qui rapproche les personnages, c’est bien justement l’expérience du noir, du néant, de la mort, à laquelle les deux protagonistes ont été confrontés. Autant le Noir en est ressorti transfiguré, autant le Blanc, qui a voulu se suicider, ne se remet pas en question, on va y revenir.

Le Noir, pressentant le danger que l’autre tente de recommencer, tente parfois de le piéger, de le mettre « dans le sac à embrouilles », d’autres fois, c’est le Blanc qui tente de le décrédibiliser. Le Noir a un argument puissant : il est un ex-taulard, il a commis un meurtre. Il connaît, comme le professeur, les Ténèbres. Il les connaît par expérience. Le professeur, c’est là une grande différence, les connaît par la pensée, comme un fruit de la civilisation occidentale, mais aussi par le dégoût qu’il en ressent. Il en arrive à la conclusion que tout homme intelligent ne peut aboutir qu’à la conclusion suivante : la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, l’enfer est sur terre. Il n’y a nulle rédemption parce que Dieu n’existe pas. La seule fin raisonnable pour l’homme est le suicide.

Le Noir montre, au contraire, qu’une rédemption est possible. Il l’a d’abord vécue lui-même : risquant de mourir, suite à une rixe en prison, il entend une voix lui dire, couché sur son lit d’hôpital : « Si ce n’était par la grâce de Dieu, tu ne serais pas là » (31’45’’). Encore un indice d’une présence angélique, qui pourrait rappeler au Blanc que le Noir l’a été pour lui. Mais le Blanc n’accueille pas cette intervention comme venant de Dieu. À bout d’arguments, le Noir dit, tandis que l’autre s’éloigne : « Demain matin je serai toujours là. Je serai toujours là, vous entendez ». Même après que la porte se soit refermée : « Je serai toujours là » (01h 25’ 38’’). La conversation aura duré toute la nuit, et les derniers plans du film cadrent un soleil qui se lève.

Le scandale du Mal est toujours une des raisons pour laquelle les hommes ne croient pas en Dieu. Mais à cela le Blanc ajoute le fait que le scandale se redouble avec le mal que l’homme fait lui-même. À cela s’ajoute le fait que la liberté n’empêche pas le suicide, à cause même du scandale du mal. Tous les efforts et arguments du Noir, qui reposent sur une foi vécue, sur une expérience de la vie où Dieu s’est manifesté comme Sauveur ne sont d’aucune aide pour le Blanc : chacun est en quelque sorte « enfermé » dans son monde. Le Blanc pour refuser d’en sortir, le Noir pour n’avoir pas la puissance de forcer les verrous que le Blanc a posé sur les portes de son cœur. Même l’argument de la soif d’absolu au cœur de l’homme n’ébranle pas le Blanc. À ce sujet, parlant d’alcoolisme, et estimant que la véritable soif des alcooliques, c’est d’être aimé de Dieu, le Blanc répond : « Je ne crois pas que vous compreniez que les gens considèrent comme moi que cette soif de Dieu est comme un vide qu’on cherche à combler » (39’32’’). On reprendra cette question si importante du vide, par ailleurs bien présente dans l’œuvre de McCarthy.

Soulignons encore la manière frontale dont les questions sont posées, fait rare au cinéma, peut-être moins dans les téléfilms ou séries. C’est là une des grandes originalités du projet. La plupart du temps, les films racontent une histoire où la question de Dieu, de la foi, de la spiritualité n’est pas centrale, voire tout à fait anecdotique. Mais ici l’enjeu est central. Le but du croyant, est d’aider son « frère » à ne pas récidiver, et si possible de l’ouvrir à la lumière de Dieu. Sans Dieu, l’issue est inéluctable. « La lumière est tout autour de vous, mais vous vous voyez l’ombre et rien d’autre ». Et c’est vous qui la faites. Vous êtes l’ombre » (1h 09’45’’). S’il réussit, il aura « gagné » son frère, s’il perd, c’est lui qui sera mis en crise. Le non-croyant, lui, n’a qu’à défendre sa position, sa conception de la vie, presque tranquillement, il ne se met pas en danger. Certes, il peut tenter de déstabiliser le croyant, mais ce n’est pas tant ce que cherche le Blanc : plutôt à partir au plus vite, car la discussion le met sans cesse en devoir de se justifier. Le Noir, lui, veut aller au bout de la discussion, toucher au point décisif où tout peut basculer. On découvre alors que l’ultime argument du Blanc n’est pas rationnel, mais se trouve dans la volonté de ne pas lâcher prise (au risque de se remettre en question ?) : un paradoxe pour un intellectuel, censé argumenter rationnellement jusqu’au bout. Or, ce qui apparaît à la fin, c’est la peur de devoir renoncer à un système fabriqué pour se protéger du spectacle insoutenable du mal dans le monde. Pour le Noir, d’une condition sociale plus modeste, ce qui compte, c’est l’inverse : la chance d’avoir pu sortir d’une souffrance et d’une vie insoutenable. Une chose est de voir le mal et de repousser Dieu, une autre d’en avoir été sauvé par Lui. Le Noir a « accès », malgré son manque d’études, à une vérité plus profonde. Et la parole de Jésus peut ici lui être appliquée : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25,30).

Mais il y a plus. Cormac McCarthy met en lumière si l’on peut dire, la fascination pour le néant, pour les ténèbres et le suicide dans la culture occidentale (qui va peut-être de pair avec le retour d’un certain paganisme comme on a pu le penser dans les milieux ecclésiaux au début du XXIe s.). Un paganisme que l’on a vu triomphant avec le nazisme avant qu’il ne soit abattu et déraciné, bien qu’il conserve hélas une capacité de nuisance. Ici je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que dit Ludwig, le personnage principal (Helmut Berger) du film du même nom : Ludwig de Visconti (Ludwig ou le crépuscule des dieux, 1972) : « Mais le mystère grandiose de la nuit m’a toujours paru le royaume des héros, donc de la raison » (2ème partie, 1h 47’). La scène a lieu au bord du lac : le roi Louis II discute avec son médecin, peut avant (dans l’hypothèse du film) de le tuer et de mourir (suicide ou accident, le film ne tranche pas). Il est terrible d’associer ainsi la raison et la nuit, puis finalement la mort avec celle des deux personnages. Comme dans The Sunset Limited, la référence au péché originel (auquel le Noir dit ne pas croire pour autant) est évidente (la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme). Le récit de Gn 2 et 3 traverse ainsi la culture cinématographique comme l’expression évidente d’une malédiction de la connaissance, bien que les Écritures expriment plutôt la nécessité d’une connaissance reçue de Dieu qui se communique comme une lumière et qui devient alors sagesse.

Le néant est devenu le seul espoir du professeur athée. Samuel prévenait déjà le peuple d’Israël : « Ne vous écartez pas du Seigneur : ce serait suivre les idoles de néant qui ne servent à rien et ne délivrent pas, car elles ne sont que néant » (1 S 12,21). Le nihilisme, autre expression de l’addiction et de la fascination pour le néant, n’a pour remède que les vertus théologales : foi, espérance et charité. Jean-Luc Marion a écrit ce mot il y a peu, parlant d’un « moment catholique de la société française » :

Ou plutôt, il se pourrait qu’un tel moment, décidément hors de portée du pouvoir et de la rationalité positiviste de la politique contemporaine, constitue la seule option raisonnable qui nous reste, tandis que nous nous approchons du cœur du nihilisme[2].

Abbé Jean-Luc Maroy


[1] Huit fois en tout (3’53’’, 11’16’’, 15’50’’, 25’, 26’, 50’40’’, 1h 13’ 56’’, 1h 23’ 40’’), la dernière sera la bonne. Est-ce pour échapper à un dialogue qui le pousse dans ses retranchements, pour exprimer l’inutilité, au contraire, de tout dialogue, pour aller dormir, pour faire une autre tentative de suicide ? Ce ne sera jamais très clair.

[2] Jean-Luc MARION, Brève apologie pour un moment catholique, Paris, Grasset, 2017. Les italiques sont de moi, p. 47.

 

 

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