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Le Guépard (Il Gattopardo) de Luchino Visconti (Italie, 1963)

le-guepard.jpg

Dans Il Gattopardo (Le Guépard) de Luchino Visconti (1963), le prince Fabrizio Corbera de Salina (Burt Lancaster) dialogue avec le Père Pirrone, son chapelain. Pas moins de cinq scénaristes ont travaillé sur le film.

– (Le prince) J’ai fait d’importantes découvertes politiques. Savez-vous ce qui se passe dans notre pays, mon Père ? Rien, il ne se passe rien. Rien qu’un petit ballet de classes presque immobiles. La classe moyenne n’a nullement l’intention de nous détruire, elle veut simplement s’installer, diriger, prendre nos places, très gentiment, peut-être même en glissant dans nos poches quelques milliers de ducats. Au fond tout restera comme avant. Notre pays est le pays des accommodements.
– (Père Pirone) Autrement dit, vous les seigneurs, vous vous mettez d’accord avec les libéraux. Et peut-être même avec les francs-maçons. À nos dépends, aux dépends de l’Église. Parce qu’il est clair que tous nos biens, ces biens qui sont le patrimoine des pauvres nous seront arrachés, dépecés, dévorés par les meneurs les plus voraces. Et après, qui rassasiera cette multitude d’affamés qui trouve aujourd’hui dans l’Église nourriture et soutien ? Comment fera-t-on alors pour calmer ces foules de désespérés ? Moi je vais vous le dire, Excellence. On commencera par leur donner à manger un petit morceau de vos terres, puis un autre morceau, puis la totalité de vos biens. Notre Seigneur guérissait les aveugles du corps mais les aveugles de l’esprit, jusqu’où iront-ils ?
– Nous ne sommes pas des aveugles, mon Père. Seulement des hommes. Dans un monde en pleine transformation auquel nous nous efforçons de nous adapter, que pouvons-nous faire ? À l’Église a été faite la solennelle promesse de l’immortalité. À nous, comme classe sociale, non. Un palliatif, qui nous permet de vivre encore une centaine d’années prend le visage de l’éternité. Au-delà de ce que nous pouvons espérer caresser de nos mains, nous n’avons pas d’obligation. L’Église, si. Elle, l’Église, en a : elle est destinée à ne pas mourir. Même son désespoir contient un réconfort.

– Excellence…

– Croyez-vous, mon Père, que si maintenant ou plus tard, l’Église pouvait se sauver en nous sacrifiant, elle hésiterait à le faire ? Pas une seconde, et elle ferait bien.

– Vous aurez deux péchés à me confesser samedi, Excellence. Le péché de la chair la nuit dernière, le péché de l’esprit ce matin. Vous ne l’oublierez pas… (22’31’’).

En quelques mots, on voit que le rapport entre la politique et l’Église, tel que le réalisateur la conçoit au XIXe siècle, alors qu’il pense en 1962, est tributaire d’une lutte des classes, ce qui nous renseigne sur les convictions politiques du cinéaste : Visconti n’a pas masqué son penchant pour les idées de gauche tout en étant d’ascendance aristocratique. Le prince Fabrizio, en quelque sorte c’est lui. Pourtant le film se déroule dans un autre temps, il est réinterprétation de l’histoire de l’Italie et l’expression d’un « trop tard », comme l’analyse Véronique Bergen. En effet, pour le réalisateur, l’histoire n’est pas le temps de l’émancipation des hommes :

Le leitmotiv du "trop tard" semble parfois de l’ordre d’une carence, d’un ratage structurel. […] Une main invisible, une raison ou plutôt une déraison à l’œuvre dans l’Histoire rendait impossible la victoire des Garibaldiens ou la défaite des Prussiens à Sadowa. […] Il était tout simplement contingent et indifférent que tel ou tel événement surgit car qu’il advînt ou pas, la marche vers la décomposition est lancée et fait flèche de tout bois[1].

Mais est-ce à dire qu’il n’y a aucune possibilité de freiner la décomposition, la « course à l’abîme » ou le règne du « même » ? Une ouverture est possible, commente toujours Véronique Bergen, mais non concernant le cours des choses, il s’agit plutôt de « la compréhension subjective de l’histoire et de la grande Histoire dans lesquels les protagonistes sont pris ». En effet :

Une veine stoïcienne mâtinée de la sagesse de Descartes pointe ici : face à un monde doté d’un coefficient d’adversité dont les actions humaines ne peuvent venir à bout, il s’agit de se changer soi-même que de changer de fortune, il s’agit de modifier son rapport aux choses dès lors que changer ces dernières s’avère impossible. Dans le tissu serré des faits, de blocs temporels aussi compacts que les rochers Faraglioni de La Terre tremble, l’unique marge de manœuvre est spirituelle, de l’ordre de la révélation d’une autre inscription dans le donné, dans la manière, de l’ordre d’une conversion mentale[2].

Le prince de Salina concède que l’Église ne peut être une classe parmi d’autres, puisque le Christ lui a fait part de son immortalité (cf. Mt 16, 18 : La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle). De plus, il comprend son rôle sur terre comme un rôle social : le dernier recours des pauvres. À la question : quand elle sera dépouillée, autant que l’aristocratie italienne, au profit « de la classe moyenne » (qui est la nouvelle bourgeoisie), qui nourrira les pauvres ? La question est d’autant plus importante, plus de 50 ans après la réalisation du film, que les inégalités sociales redeviennent criantes dans une modernité qui a scindé vie sociale, économique et politique d’avec la confession de foi tout en lui reprochant de ne pas s’adapter suffisamment au monde moderne. On comprend en partie pourquoi ! Les révolutions des XVIIIe et XIXe s ont ôté à L’Église les leviers pour secourir les pauvres, ses biens lui ayant été progressivement confisqués un peu partout en Europe (on pourrait rappeler par exemple comment l’Église lutta contre l’usure au Moyen Âge). Ne reste plus que la générosité de ses membres, encore aujourd’hui. Pourtant, comme par réflexe, bien des pauvres continuent à frapper à sa porte sans qu’elle puisse offrir soin, éducation, logement, travail, subsistance à suffisance… Elle doit alors renvoyer aux structures étatiques qui évidemment n’ont pas idée de la charité évangélique, et qui ne pratiquent pas tous la solidarité. Les États, de plus, ressentent eux-mêmes souvent les limites de leur action, aujourd’hui, face à des pouvoirs économiques devenus internationaux. Plus loin dans le film, le prince dira, pressentant un ordre au-dessus des conflits politiques de classe et la venue d’un jugement :

Nous étions les guépards, les lions, ceux qui nous remplaceront seront les chacals et les hyènes et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre (1h 57’06’’).

L’Écrivain, dans Stalker de Tarkovski (1979), dénoncera ceux de sa génération qui accordent une importance extrême à leur propre vie, mais qui, en attendant, ne songent qu’à « baffrer ». Mais Chevalet, un député de la nouvelle Italie, à qui le prince parlait, n’a rien entendu de ces mots, qui en fait étaient destinés au spectateur et à sa responsabilité dans le processus démocratique. Or nous savons que quand le Christ parle du sel de la terre, il désigne ses propres disciples (cf. Mt 5,13). Il y a donc dans cette simple phrase l’expression du grand basculement qu’a opéré, pour Visconti, la modernité : se séparer de l’Église, avant de se sacraliser elle-même autour de l’idole nouvelle (et très ancienne en même temps) : Mammon (cf. Mt 6,24), lequel a souvent personnifié le vice de la cupidité dans la littérature religieuse.

Même si Isaïe, pourtant, prédit le temps où « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau » (Is 11,6), Visconti a bien en tête qu’en attendant, le loup dévore l’agneau quand il le peut et le léopard n’a cure du chevreau si ce n’est comme festin futur. Le titre du film, à cet égard, est éloquent. Agneau et chevreau ne servent qu’à l’accomplissement des desseins des violents qui s’emparent de la terre, aristocrates ou non. Si les agneaux et les loups peuvent s’estimer être « le sel de la terre » il faudra pourtant qu’ils soient départagés car leurs mœurs sont incompatibles. Le Christ, lui, a déjà opéré le jugement : « La terre appartiendra aux doux » (cf. Mt 5,5). En attentant l’accomplissement de cette parole, un temps est donné au violent, précisément le temps de l’Histoire, pour qu’il se convertisse et se détourne du mal, car Dieu veut sauver tous les hommes et ne prend aucun plaisir à condamner.

La séquence du bal, très impressionnante (le tournage a duré huit nuits d’affilée), ne fait que confirmer le sentiment de changement d’époque. Cette scène exprime à elle seul la résolution du conflit de classes dans un grand ballet incessant qui renvoie dos à dos les différents protagonistes, tous avides de gloire, de beauté, d’opulence, le tout de manière « exquise ». Le bal se termine comme il a commencé : dans l’ennui. Il devient l’expression d’une classe sociale en décomposition, dont aucune fête ne parvient à raviver la joie.

Seule la marche finale du prince Fabrizio, après le bal, dans les rues du village, au petit matin, laisse entrevoir la possibilité du salut. Le prince croise la démarche d’un prêtre qui vient apporter les derniers sacrements à un mourant et s’agenouille, pressentant sans doute sa propre fin, avant de s’enfoncer, solitaire, dans l’ombre. Finalement la mort met tous les hommes à égalité devant Dieu. S’agit-il aussi d’une prise de conscience, d’un mouvement inattendu d’humilité, du réflexe d’une classe aristocratique attachée aux traditions religieuses et qui contemple, désœuvrée, la décomposition sociale à venir ? Rien n’est expliqué, juste un signe, un agenouillement devant ce qui surplombe ou dépasse le temps lui-même sans être pourtant assimilé à l’éternel retour nietzschéen, au moins en cet instant. Il Gattopardo a reçu la Palme d’Or à Cannes en 1963, à l’unanimité des critiques et du public.

Le film stigmatise donc l’orgueil des hommes qui cherchent avant tout à se maintenir au pouvoir au détriment des autres, qui méprisent l’intérêt des peuples, lequel suppose une idée de transcendance au-delà des ambitions individuelles. Dans La caduta degli dei (Götterdämmerung) (Les damnés, 1969), c’est plus grave : aucune rédemption n’est possible, aucune perspective de salut ne se présente à la fin de l’histoire, car le nazisme est un fruit pourri qui n’engendre que la mort. L’affranchissement de la morale au profit de la seule volonté, caractéristique de cette idéologie, rend l’homme capable des pires exactions, parfois même au nom de l’émancipation de la science et de certaines vues dites « rationnelles ». Les désillusions politiques et les ténèbres répandues par le nazisme ont conduit à la mort des millions d’hommes, en les tuant non seulement dans leur corps, mais en tentant, si possible, d’éradiquer leur culture, leur esprit. Qui peut affirmer que la morale s’en est définitivement relevée ? L’oublier ou le relativiser ouvre la porte à l’expérience de nouveaux enfers, comme le dit Primo Levi :

Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue, en vous couchant, en vous levant ; répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s’écroule, que la maladie vous accable, que vos enfants se détournent de vous[3].

Et pourtant, il y a le déni. Après la fatigue de l’attente et la baisse de l’attention, après le moment du « trop tard », il y a toujours des voix pour nier l’histoire, comme l’ont tenté les systèmes totalitaires, et comme la modernité s’y laisse toujours empêtrer en refusant de se comprendre comme issue d’une tradition modelée par la foi.

En savoir plus : http://www.dvdclassik.com/critique/le-guepard-visconti

Abbé Jean-Luc Maroy


[1] Véronique BERGEN, Les promesses du crépuscule, p. 83. Une interview éclairante : franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/luchino-visconti-les-promesses-du-crepuscule-de-veronique (consulté le 03/06/2017).

[2] Véronique BERGEN, Les promesses du crépuscule, p. 85.

[3] Primo LEVI, Si c’est un homme, Paris, Julliard, 1987 [1958], p. 9.

 

 

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