Avec sa nouvelle exposition, « Le Mouvement des Images », le Centre Pompidou propose une approche muséographique numérique d'oeuvres cinématographiques expérimentales, afin de retrouver l'émotion et les intentions artistiques originelles.
Du 5 avril 2006 au 29 janvier 2007, le Centre Pompidou, musée national d'art moderne, propose dans le cadre de la présentation thématique de ses collections, une exposition intitulée « Le Mouvement des Images ». Cette exposition, lancée par voie de presse et par affichage en 4x3 dans le métro parisien, s'inscrit dans la continuité d'une précédente exposition sur le thème de la création et de la destruction nommée Big Bang.
Avec « Le Mouvement des Images », le Centre Pompidou souhaite mettre en relation les oeuvres cinématographiques et les Arts Plastiques, dans une problématique liée au mouvement et à la lumière. Il s'agit d'offrir aux visiteurs une relecture de l'art du XXème siècle à l'aube du cinéma.
«Le langage audiovisuel émerge de plus en plus dans le domaine muséographique, et bien souvent il est nécessaire de travailler en amont avec le commissaire de l'exposition, afin de l'aider et de lui proposer les dispositifs audiovisuels répondant aux différents thèmes abordés», souligne Gérard Chiron, responsable artistique et technique au Centre Pompidou pour le service audiovisuel. Il intervient sur la mise en place des productions audiovisuelles culturelles du Centre Pompidou, de leur mise en place et du suivi technique des expositions, en relation avec le scénographe de l'exposition.
Il était important pour le Centre Pompidou de sortir du musée les films expérimentaux (plus d'un millier à ce jour) acquis depuis de nombreuses années. Ces films sont rarement visibles hors des salles de cinéma, car ils nécessitent de lourds dispositifs de projection (projecteurs en 35 mm, en 16 mm, en Super8, etc.), ainsi que des moyens humains importants. Aussi, ces images sont rarement présentées dans de bonne conditions et ces oeuvres restent dans les réserves. L'idée de cette exposition était de confronter ces oeuvres cinématographiques à des oeuvres plastiques, en les sortant et en les accrochant à une cimaise, comme si les films étaient des tableaux.
Conserver l'émotion cinématographique
L'exposition s'articule autour d'une allée centrale où sont projetés simultanément 13 films sur les murs, réalisés par des artistes, tels que Marcel Duchamp, Fernand Léger, Richard Serra ou Paul Sharits et sélectionnés par Philippe-Alain Michaud, le commissaire de l'exposition. Cette allée est composée de quatre parties : le défilement, le montage, la projection et le récit, données fondamentales de l'expérience filmique.
En entrant dans cette allée, le public est pris par l'émotion cinématographique des oeuvres projetées sur les murs et peut directement les mettre en relation avec les oeuvres d'art plastique présentées. «Pour conserver l'impression émotionnelle cinématographique de l'argentique, il a fallu chercher des dispositifs qui permettent de mettre en oeuvre ces moyens sans recourir à des projecteurs dédiés à chaque film. Aussi, avons-nous retenu une solution numérique pour garder le grain argentique du film et préserver la nature même du document : certains films datant de 1925», explique M. Chiron, Responsable artistique et technique du studio son à la Direction de la production, service audiovisuel du Centre Pompidou.
Les films ont donc été numérisés avec le scanner film Arriscan, machine qui permet de capter un film image par image, en conservant la qualité intrinsèque de l'image, avant de la stocker sur un disque dur en haute résolution (2K). L'image est étalonnée en 2K, puis réduite en 1400x1050 pour être projetée sur des écrans 4:3 de 2,7 m de base. Cette résolution, au-delà de celle du grain argentique, permet à l'image numérique de représenter exactement celle du support argentique. Le respect de l'oeuvre et de l'artiste sont ainsi complets.
Une fois l'oeuvre scannée et stockée sur un disque dur, les moyens de restauration actuels sur l'image peuvent intervenir, pour, par exemple, effacer les rayures. Cette opération n'a cependant pas été réalisée pour « Le Mouvement des Images », toujours dans un souci de respect de l'oeuvre artistique. Avec la numérisation, l'oeuvre est plus facile à projeter et l'éventuelle restauration peut s'effectuer petit à petit. Toutefois, à tout moment, par l'intermédiaire du scanner film Arriscan qui créé un négatif, il est possible de revenir à l'argentique.
Respecter les artistes avec une image de qualité
«La difficulté dans une telle exposition consiste à faire en sorte que la technique se voit le moins possible, pour préserver la magie de la projection et du musée. Il ne s'agit pas de faire un étalage technique, mais plutôt d'inciter les visiteurs à se demander d'où vient l'image. D'ailleurs, les visiteurs curieux, qui recherchent la source de l'image et observent un
DS+25 sont surpris de voir qu'une image d'une telle qualité provient
DS+d'une
si petite machine. Peu de gens savent qu'il est possible d'arriver à un tel résultat. Cette exposition le démontre», indique Philippe Wojtowicz, directeur technique et régisseur général chez Pixscène.
Pour parvenir à rendre l'émotion cinématographique, le Centre Pompidou a organisé un appel d'offres. Pixscène est la seule entreprise qui ait répondu aux exigences de projection numérique du musée, grâce à une solution technique impliquant 13 vidéoprojecteurs Christie DS+25.
La diffusion numérique figurait dans le cahier des charges de Gérard Chiron, de même que la diffusion des films dans leur résolution native, mais en 1400x1050, ce qui restait largement suffisant. Les ordinateurs ont été fournis par le service interne informatique du Centre Pompidou, les fichiers de compression ont été réalisés par le service audiovisuel du Centre.
L'installation et les réglages techniques de l'exposition ont pris 5 jours à Pixscène, avec trois personnes pour l'installation, et deux pour les réglages. Les Christie DS+25 sont placés à 3,20 m de hauteur, et à une distance de 5,5 m de l'écran 4:3 de 2,7 m de base en cimaise. Les écrans sont constitués d'une simple peinture blanche, vinylique. «Nous avons réalisé des tests avec des peintures spéciales, mais elles ne sont pas convaincantes. En outre, sur le plan visuel et esthétique, une projection sur un mur ressemble à un tableau et reste beaucoup plus intéressante qu'une projection sur un écran, posé sur un mur», note M. Wojtowicz.
Derrière chacun des DS+25 se trouve un PC à 3,6 G, équipé de cartes graphiques puissantes, situés dans 3 régies techniques numériques dans le cadre de l'exposition. La difficulté était de conserver la pureté du signal, depuis sa source jusqu'à la machine. Il a donc fallu installer une connexion en DVI avec une sortie RJ45 et des interfaces Geffen, qui permettent de faire transiter le signal jusqu'à 50 m, dans la mesure où le DVI reste limité à 15 m maximum. Le signal, ainsi converti au travers de deux câbles catégorie 5, se voit reconverti à l'autre bout.
«Le choix s'est porté sur des Christie DS+25, car nous avions déjà utilisé ces vidéoprojecteurs sur une autre exposition qui nécessitait une diffusion en SXGA+ avec un débit de 60 images secondes. Ce sont des machines parfaites pour une durée de projection aussi longue. Certains projecteurs travaillent en effet dans ces résolutions, mais pas en mode natif, et doivent constamment les recalculer. Les DS+25 fonctionnent en mode natif en SXGA+ 1400x1050. C'est même la première fois qu'une exposition parvient à une projection numérique sans les défauts habituels du numérique et de la compression MPEG (saccades). La version de l'artiste reste donc intacte. Dans la muséographie, il n'est pas nécessaire de recourir à de grosses puissances. Une machine comme le DS+25, qui produit réellement, à la différence de ses concurrents, 2.500 lumens, est amplement suffisante, d'autant qu'elle est extrêmement silencieuse. Elle ne génère pas non plus d'effet DLP. Chez certaines personnes, souffrant de problèmes de vue, les machines DLP provoquent un arc-en-ciel sur l'image projetée», insiste M. Wojtowicz.
«Les conservateurs du Centre Pompidou ont été séduit par ce procédé permettant de retrouver l'émotion de l'oeuvre cinématographique originale.Cela les encourage à poursuivre dans cette voie. Normalement, la diffusion des films s'effectue en DVD (MPEG2) dans les expositions, plus proche de l'art vidéo que de l'oeuvre cinématographique. Désormais, la projection numérique devient véritablement cinématographique par sa qualité, ce qui fascine les visiteurs, car les émotions du grand écran côtoient les oeuvres d'art plastiques », conclut M. Chiron.
A propos de Pixscène
Créée en août 2004, Pixscène est une SAS dont le concept fondateur est de rassembler des professionnels de l'événement, du spectacle vivant et de la muséographie afin d'apporter l'expertise, la créativité et la solidité d'une régie à des projets d'envergure, dans un cadre juridico-financier pérenne.
Pixscène compte aujourd'hui une trentaine d'employés auxquels s'ajoutent des dizaines de spécialistes de l'informatique, du son, de l'image et du décor. De plus, des artistes danseurs, comédiens, metteurs en scène, musiciens, plasticiens et des professionnels tels que architectes et scénographes viennent périodiquement apporter leurs qualités et leurs idées, aux projets en cours d'élaboration chez Pixscène SAS.
Pour concevoir, développer, produire et gérer ses opérations, Pixscène SAS est structurée de la manière suivante :
- Un Pôle PRESTATION dédié aux moyens : décor, structure, logistique et régie, incluant la gestion des équipements pour l'image, le son, la lumière et plus généralement tout ce qui concerne la scène en intérieur ou en extérieur,
- Un Pôle SERVICE dédié à la coordination des interventions humaines, permanentes ou ponctuelles, apportant une gestion administrative et sociale ainsi que des services annexes (prévoyance, complémentaire retraite, achats groupés, conseils,...),
- Un Pôle IMAGE & SON dédié à la création graphique et sonore ainsi qu'à l'informatique appliquée à tous les traitements du son et de l'image, via les supports et outils adéquats (traditionnels et nouveaux),
- Un Pôle SPECTACLE dédié à une « veille artistique » et au développement de la production artistique, aux événements et aux conseils en terme de programmation. Site internet : www.pixscene.fr