Pro Tools
•Register a festival or a film
Submit film to festivals Promote for free or with Promo Packages

FILMFESTIVALS | 24/7 world wide coverage

Welcome !

Enjoy the best of both worlds: Film & Festival News, exploring the best of the film festivals community.  

Launched in 1995, relentlessly connecting films to festivals, documenting and promoting festivals worldwide.

Working on an upgrade soon.

For collaboration, editorial contributions, or publicity, please send us an email here

Connexion utilisateur

|ENGLISH VERSION|

RSS Feeds 

Martin Scorsese Masterclass in Cannes

 

 

 

Michel Ocelot, enchanteur de l'animation à la française

Découvert
récemment grâce au succès de Kirikou et la Sorcière
(plus d'un million d'entrées France), Michel Ocelot fait désormais
partie des grands noms de l'animation française, aux côtés
des illustres Paul Grimault, Jean Image, René Laloux et de son ami Jean
François Laguionie. A l'heure où certains animateurs s'exportent
chez Disney (tels les frères Brizzi pour Fantasia 2000), Michel
Ocelot entend bien résister aux assauts annuels de l'Oncle Sam en pratiquant
un dessin animé pétri de joliesse, de tolérance et nourri
de contes du monde entier. Rencontre avec un inventeur brillant pour lequel
rien n'est plus sorcier...

Parlez nous
un petit peu de votre enfance et de votre découverte de l'animation...

Je suis sûr
que vous savez déjà tout! (rires) Je suis né sur la Côte
d'Azur, enfant, j'ai été en Guinée, adolescent à
Angers. Et à partir des études dites supérieures, à
Paris. J'ai été aussi un an étudiant à Los angeles.
Et maintenant, je suis établi à Paris et ça me plaît.

J'ai fait l'Ecole
des Beaux Arts à Anger, et Arts Déco à Paris. Mais je considère
que j'ai commencé ma formation professionnelle à l'âge de
deux ans quand j'ai commencé à m'amuser, à gribouiler;
j'ai aussi au cours de mon enfance fait jouer les autres, j'ai décoré
la maison, et je me suis intéressé à toutes les créations.
J'ai essayé de faire de la musique - je n'y suis pas arrivé. J'ai
beaucoup écrit, j'ai toujours aimé dessiner j'ai peint, sculpté,
modelé. J'ai fait de la broderie, du théâtre, du mime, de
la danse. J'aimais lire, aller au théâtre, les spectacles, le cinéma.
Et on avait tendance à me dire: "Un jour, il te faudra choisir.
Tu te disperses, tu n'arriveras à rien comme ça". Et finalement,
j'ai trouvé le mêtier où je dois me disperser mais où
j'arrive à quelque chose...

Quels furent
vos premiers films?

J'ai fait des essais
avec une caméra 16 mm, c'étaient vraiment des films d'amateur,
sans son, sans savoir comment on faisait. Je ne suis jamais passé par
une école d'animation, un studio. J'avais un projecteur qui n'allait
jamais à une vitesse régulière. Donc, je ne savais jamais
le résultat de mes animations! A mesure que le projecteur chauffait,
il accélérait. Ensuite, j'ai fait deux années de besogne,
pas de l'animation, des graphiques. Et ensuite, j'ai fait Gédéon,
une série d'après Benjamin Rabier, un canard au long cou. J'étais
adaptateur, c'est à dire que j'écrivais les scénarios,
et j'adaptais aussi le dessin pour qu'il soit animable. J'ai fait 60 épisodes
de 5 minutes sur lesquels j'étais auteur, story boarder, modéliste
et réalisateur. Et c'est après ça que j'ai fait Les
Trois Inventeurs
, où j'ai tout décidé: le sujet, le
graphisme. Après ce film, qui est du "Marie Antoinette" parfaitement
exquis, tout en dentelles blanches, j'ai fait La Légende du Pauvre
Bossu
où il y a encore une princesse, puis La Princesse Insensible,
où il y a aussi une princesse et 13 princes. Après toutes ces
princesses, j'ai surpris tout le monde, en dessin animé traditionnel,
pas en découpage, adaptant un fabliau paillard.

La Légende
du Pauvre Bossu
a obtenu le César du meilleur film d'animation en
1982...

Oui, et Les
Trois Inventeurs
avait eu une nomination.

Un de vos grands
amis, qui vous a aidé à vos débuts, est Jean François
Laguionie...

Jean François
Laguionie, qui a créé La Fabrique, était mon auteur préféré.
J'aime beaucoup Une Bombe par Hasard, et son chef d'oeuvre, La Traversée
de l'Atlantique à la Rame
, c'est du très grand cinéma.
Mon premier film autonome, Les Trois Inventeurs, je l'ai tourné
chez lui, par hasard. La production avait trouvé ce moyen, pour que ça
soit moins cher. Donc je suis allé dans les Cévennes tourner chez
Laguionie, que je ne connaissais pas personnellement. A l'époque, nous
étions tous les deux pauvres, mais lui était couvert de prix et
moi pas. J'ai fait Les Trois Inventeurs pour me faire connaître,
avoir des prix dans les festivals - et je les ai eus. Ensuite, il a produit
mon "fabliau scandaleux". Et ensuite, c'est lui qui a produit les
8 contes de Princes & Princesses, qui à l'époque s'appelaient
:"Ciné si...", parce que c'était un petit cinéma
où tout commençait par : "Et si on était ça?
Et si on allait là?" Jean François a donc produit les 8 contes,
puis c'est Didier Brunner qui, après avoir produit Kirikou et la Sorcière,
a produit la ressortie cinéma de ces contes.

Pensez-vous
avoir été influencé par les
films
de Jean François Laguionie?

Non. J'aime le
fini de ce qu'il fait. J'aime moins Le Château des Singes, parce
que c'est moins personnel. S'il a pu m'influencer, c'est dans le sens que nous
sommes proches, nous sommes des français qui n'avons pas honte de l'être.
Il n'a jamais songé à imiter les américains et moi non
plus. Nous avons une certaine culture de la joliesse.

Vous reconnaissez
vous des influences directes?

Beaucoup. Hergé,
Franquin, mais je n'ai jamais essayé de dessiner comme lui, tandis qu'Hergé,
c'est un dessin sans style, et c'est ce que je recherche, disparaître
derrière la création. Ensuite, les artistes égyptiens antiques,
les peintres de vases grecs. Et Hokusai. Je lui rends hommage dans le conte
japonais de Princes & Princesses. Il fait partie de ceux qui, quand
j'étais petit, m'ont encouragé à devenir dessinateur, en
regardant ses estampes. On l'appelait le "Vieillard Fou de Dessin",
et il disait: "Ce que j'ai fait jusqu'à l'âge de 60 ans, ça
ne vaut rien, à 70 ans j'ai commencé à comprendre, et à
120 ans, le moindre de mes points vivra!" (rires)

La plupart des
animateurs ont grandi en voyant des films de Walt Disney. Et vous?

Oui, tout le monde
a vu plus de Walt Disney que quoi que ce soit d'autre. J'aime beaucoup La
Belle au Bois Dormant
. Je trouve que tout est bon dans ce film, c'est une
merveille. Le scénario, tiré d'un conte très court, l'animation,
les décors sont de toute beauté. Les personnages sont tous beaux,
dont le prince, ce qui est très difficile à faire, un jeune premier
en dessin animé. Et puis la mauvaise reine, j'en suis très jaloux!
Elle est toujours belle, y compris quand elle se transforme en dragon.

J'aime aussi Cendrillon,
je le revois avec le même bonheur que j'avais eu étant petit. Dans
ce film, il y a des trouvailles qui me ravissent - une petite souris avec une
main toute maigre en train de lécher le fil pour le passer à travers
le chat d'une aiguille, et qui ensuite y enfile le fil et son bras! C'est adorable,
et aussi la beauté chorégraphique et magique des vrilles de la
citrouille qui s'enroulent et font les roues du carrosse, c'est un pur plaisir
esthétique. C'était très beau. A mon avis, Walt Disney
a fait une belle oeuvre de producteur, et je pense qu'il manque un peu.

En France, le
monde de l'animation a aussi été marqué par Jean Chalopin...

Je ne l'ai pas
connu, mais j'ai quand même collaboré à Ulysse 31!
C'est un scoop! (rires) Au moment où ils allaient sortir le dessin animé,
ils se sont rendus compte qu'ils n'avaient pas de modèles à donner
pour les représentants de droits dérivés. Moi, je venais
de finir Gédéon, et on m'a demandé de faire les
modèles à donner aux fabricants de jouets. C'est donc moi qui
ai mis au point les modèles pour les jouets, les casques, le petit robot,
des armures, des machines, des visages.

Revenons à
Princes et Princesses: comment ces contes ont-ils réalisés?

C'est une oeuvre
faite sans argent, avec des caméras Bolex fixes, quelques vitres, du
papier noir, du papier calque, des ampoules achetées chez la boulangère,
et c'est tout. Nous étions sept à la réalisation et pratiquement
tous débutants. Il y avait vraiment une organisation artisanale, j'ai
toujours eu horreur de l'organisation de l'animation, du travail à la
chaîne; là, chacun avait son film et il faisait tout.

10 ans après,
c'était très indiscret, j'ai refait le tournage de mes petits
camarades pour préparer les livres de Princes & Princesses.
Et en voyant de près ce qu'ils avaient fait, j'ai découvert à
quel point c'était bien fait, astucieux.

Respectez-vous
beaucoup les contes ou les remaniez-vous à votre guise afin de les adapter
au monde de l'animation?

Je ne respecte
jamais les contes. Il faut faire une distinction entre deux types de contes:
les contes écrits par un auteur, et les contes oraux. Les contes d'auteur,
je n'y touche pas. Andersen, c'est bien, je n'y touche pas. Par contre, ceux
que j'aime, c'est les contes bruts, dits oraux, je considère que c'est
le tronc commun de l'humanité et que j'ai droit d'y puiser.

Dans Princes
et Princesses
, le conte de la sorcière est de moi. Le conte japonais
est très proche de l'original, sauf que j'ai fait du moine une vieille
dame.

Venons-en à
Kirikou. Avez-vous beaucoup remanié le conte original?

Une des erreurs
du conteur était de ne pas avoir utilisé la petitesse de Kirikou.
Dans le conte, dès qu'il naît, il va sauver son oncle menacé
par la sorcière, mais après ça il devient quelqu'un de
normal, sauf qu'il a autant de pouvoirs que la sorcière. Donc la petitesse
et la faiblesse sont totalement oubliées, et c'est une erreur du conteur.
Moi, j'ai toujours gardé Kirikou dans cet état, tout nu et tout
petit. J'ai aussi changé la fin. A la fin du conte, Kirikou tuait la
sorcière sans se poser de questions. Moi, je voulais transmettre un message
de tolérance. Sinon, pour en finir sur les remaniements, la partie qui
concerne le monstre de la caverne vient en fait d'un conte alsacien!

Kirikou
a été réalisé en même temps que Le Château
des Singes
....

Oui, ils ont été
faits à peu près en même temps. En fait, Le Château
des Singes
devait sortir à la Noël 98, mais Jean François
considérait qu'il n'était pas terminé. Kirikou devait
aussi sortir à cette époque, mais je ne voulais absolument pas
qu'on sorte en même temps. Je voulais bien faire de la concurrence à
Disney, mais pas à Jean François. Quand j'ai appris qu'il ne sortirait
pas pour Noël, j'ai accepté de mettre les bouchées doubles
et de livrer un film pas vraiment terminé mais à la même
époque que Disney et Dreamworks. Kirikou est sorti sans pub et
sans bande annonce, et ce fut un véritable miracle humain. Les journalistes
ont répondu à l'appel et les spectateurs sont allés le
voir et ont fait marcher le bouche à oreille. Et puis il a été
pris en charge par les réseaux d'art et d'essai, par les cinémas
municipaux, les associations culturelles... Et finakement, ce dessin animé,
qui aurait dû rester sur une étagère ou ne faire qu'une
semaine dans un cinéma, est devenu un succès historique. Et là,
je sens vraiment une nation qui se défend, et qui le fait consciemment,
qui veut autre chose que la culture américaine imposée.

Y a t-il des
choses que la finition précipitée du film ne vous a pas permis
de réaliser?

Oui, à la
fin, je voulais vraiment que le retour de Kirikou et Karaba soit triomphant,
qu'ils arrivent dans une musique splendide. Mais la musique, je ne l'ai pas
eue, ni l'animation du "Dieu" et de la "Déesse".
Aussi, à la fin du film, je voulais donner le dernier mot au père.
Il se tournait vers Kirikou, et le fils et le père se souriaient de la
même manière. Mais le sourire du père n'était pas
beau, et je l'ai coupé. Cela veut dire que le père est passif
au lieu de sourire à son fils, c'est une catastrophe. Aussi, quand la
mère de Kirikou touche son fils, elle le pétrit. J'avais vu une
scène pendant le tournage qui m'avait beaucoup ému: une comédienne
de Dakar touchait son fils, et le fils a pris les mains de sa mère et
les a frottées contre son visage. C'était magnifique. J'ai fait
des dessins pour ça. Mais après coup, je me suis aperçu
que l'animation n'avait fait qu'un bras, c'était triste. Aussi, je pense
qu'on n'a pas fait assez de montage en numérique, pour que la moindre
retouche ne soit pas un travail monstrueux. Mais le prochain, vous verrez, il
sera mieux.

Pendant le festival
d'Annecy, l'an dernier, vous parliez de quelques heurts avec la censure...

On en revient toujours
à l'emprise américaine. Pendant les 4 ans que j'ai fait Kirikou,
on m'a demandé tantôt gentîment, tantôt comme un ordre,
de cacher les seins...

Et d'éclaircir
la peau...

Oui, c'est une
des milles petites sottises qu'on m'a dites au passage. Et l'emprise américaine,
c'est ça. C'est d'abord le culte du commerce, de l'audience, et un conformisme
puritain.

Est-il vrai
que Kirikou a été réalisé par des femmes?

Ah oui, c'est tout
à fait vrai. On a fait une petite partie du film à Budapest, et
le plus gros à Rija, en Lettonie, et il se trouve que dans l'équipe,
il n'y avait que des femmes. Et c'était très beau de voir ces
femmes blanches animer et adopter ce village de femmes noires! Et moi, j'étais
là au milieu d'elles! Pour les danses, j'ai même dansé devant
elles pour leur montrer que les africaines ne dansaient pas le Lac des Cygnes,
mais un truc bien à plat sur la terre!

La tolérance
est vraiment un sujet qui vous tient à coeur...

Apparemment! Je
le ressens très fortement. Ca me révolte, oui. C'est viscéral.

Sachant que
vous avez grandi à l'étranger, le retour en France vous a t-il
fait prendre conscience de certaines réalités?

Probablement. Pendant
l'année scolaire, j'étais en Afrique, et pendant les vacances,
j'étais en France, donc en fait je n'ai eu aucune surprise, j'étais
conscient d'un certain racisme, d'un mépris, mais qui ne me concernait
pas, parce que j'ai été élevé dans la bonne école
publique, républicaine et laïque de Guinée. Et dans mon école
où, au début, j'étais le seul blanc avec mon frère,
il n'y avait aucun problème, et on ne savait pas qu'il pouvait y en avoir.
A l'école, on est tous pareils, c'est acquis. Et comme je sens qu'on
est tous frères, dès qu'un imbécile rejette quelqu'un parce
qu'il n'a pas la même couleur de peau, ça me rend fou. Et puis,
il n'y a pas que le racisme, il y a tous les rejets de gens un peu différents,
tous les penseurs qu'on a torturés et tués, tous les inventeurs
- c'est d'ailleurs le sujet des Trois Inventeurs, ça finit par
un bûcher - je trouve tout ça horrible et bête. Et en effet,
ça revient dans tous mes films. Je n'analyse pas, je fais ce qui me vient.

Le mot de la
fin?

Oui, dans Princes
& Princesses
, je montre aussi ce que je n'aime pas, la brutalité,
les gens qui veulent me marcher sur les pieds et qui n'arriveront à rien.
Ceux qui arrivent à quelque chose sont ceux qui me demandent la permission
de rentrer chez moi. Et vous, vous avez pu rentrer chez moi! C'est vraiment
le scénario de la sorcière! (rires)

Entretien
réalisé par Robin Gatto

Annecy
2001


Annecy 2000

Links

The Bulletin Board

> The Bulletin Board Blog
> Partner festivals calling now
> Call for Entry Channel
> Film Showcase
>
 The Best for Fests

Meet our Fest Partners 

Following News

Interview with EFM (Berlin) Director

 

 

Interview with IFTA Chairman (AFM)

 

 

Interview with Cannes Marche du Film Director

 

 

 

Filmfestivals.com dailies live coverage from

> Live from India 
> Live from LA
Beyond Borders
> Locarno
> Toronto
> Venice
> San Sebastian

> AFM
> Tallinn Black Nights 
> Red Sea International Film Festival

> Palm Springs Film Festival
> Kustendorf
> Rotterdam
> Sundance
Santa Barbara Film Festival SBIFF
> Berlin / EFM 
> Fantasporto
Amdocs
Houston WorldFest 
> Julien Dubuque International Film Festival
Cannes / Marche du Film 

 

 

Useful links for the indies:

Big files transfer
> Celebrities / Headlines / News / Gossip
> Clients References
> Crowd Funding
> Deals

> Festivals Trailers Park
> Film Commissions 
> Film Schools
> Financing
> Independent Filmmaking
> Motion Picture Companies and Studios
> Movie Sites
> Movie Theatre Programs
> Music/Soundtracks 
> Posters and Collectibles
> Professional Resources
> Screenwriting
> Search Engines
> Self Distribution
> Search sites – Entertainment
> Short film
> Streaming Solutions
> Submit to festivals
> Videos, DVDs
> Web Magazines and TV

 

> Other resources

+ SUBSCRIBE to the weekly Newsletter
+ Connecting film to fest: Marketing & Promotion
Special offers and discounts
Festival Waiver service
 

Images de l'utilisateur

About Editor

Chatelin Bruno
(Filmfestivals.com)

The Editor's blog

Bruno Chatelin Interviewed

Be sure to update your festival listing and feed your profile to enjoy the promotion to our network and audience of 350.000.     

  


paris

France



View my profile
Send me a message

User links

gersbach.net