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Le Polar selon Claude Chabrol

Entretien avec
Claude Chabrol

Féru de
littérature et de films policiers, adepte du bon vin et de la bonne bouffe,
Claude Chabrol est la personnalité idéale pour présider
un festival comme celui de Cognac. A l'honneur cette année dans la cité
charentaise, le facétieux réalisateur nous a accordé un
entretien que nous publions en deux partie : cette semaine, il est question
du polar, et la semaine prochaine de son travail de cinéaste plus particulièrement.

Mr Chabrol,
vous êtes président d'honneur du Festival de Cognac...




Président à vie, pas président d'honneur... (sourires)



Quels sont les liens qui vous unissent à ce festival ?



Tout bêtement, je connaissais bien les organisateurs, Souchan et Francine Taurand.
Quand ils m'ont dit qu'ils allaient faire un festival de polars, je crois que
j'ai été un des premiers prévenus parce qu'ils savaient que j'adorais le genre.
Je les ai bien encouragés, mais je n'ai pas pu y aller la première année. J'étais
absolument désespéré et j'y suis donc allé dès la seconde et le plus souvent
possible. Après deux ou trois ans, ils ont dit qu'il serait bon qu'il y ait
un président par rapport à la ville de Cognac, tout ça. Ils m'ont demandé. Bon,
ils se foutaient de moi parce que j'ai horreur de ce genre de trucs, mais là
ça m'amusait vraiment, s'il y avait une présidence qui me faisait plaisir, c'était
bien celle-là. Et puis quand ils m'ont dit que c'était une présidence à vie,
vous pensez bien que j'ai sauté sur l'occasion. Voilà, donc je suis président
à vie, le dernier président à vie de la planète, du Festival de Cognac et j'essaie
d'y aller tous les ans. Et bien entendu, comme j'essaie de venir tous les ans,
cela fait trois ou quatre ans que je n'avais pas pu venir parce que j'étais
en train de tourner.



On sait que vous aimez beaucoup le polar, qu'est-ce qui vous intéresse particulièrement
dans ce genre ?




Je trouve qu'on peut y traiter de tous les sujets et on peut les traiter dans
des moments de paroxysme. C'est je te tue, je te tue pas, je vole, je me venge,
je manipule... Ce sont toujours des situations assez fortes. Et en même temps,
comme c'est un genre, on est obligé de se soumettre un peu au genre, donc c'est
un peu une école de modestie aussi. Je trouve cela formidable d'avoir la possibilité
de traiter tous les sujets, de pouvoir les traiter de façon modeste. Je trouve
cela épatant.



Est-ce que c'est un genre qui vous a intéressé dès le début de votre carrière,
parce que vous n'avez pas commencé par ce genre ?



Oui. Je me souviens, quand j'étais tout gosse, il y avait des petits bouquins
pour les enfants et les seuls qui me faisaient marrer, c'était ceux où il y
avait une vague histoire policière. Je me souviens de Soeur Julie détective,
c'était épatant. (rires) C'était des détectives, des vols... Bon, on y volait
des pots de confiture, des trucs comme ça, mais c'était du polar ! (rires)



Est-ce que vous pensiez, avant de débuter votre carrière, quand vous êtiez
critique, avoir un jour envie de faire des polars ?




Oui, oui, oui. Absolument. A vrai dire, le tout premier film que j'avais l'intention
de tourner, c'était un polar. Et puis, je ne l'ai pas fait finalement (et j'ai
bien fait d'ailleurs), parce que ce n'était pas un bon sujet. C'était une petite
nouvelle que j'avais écrite et qui avait eu un prix. Alors, quand on démarre
comme ça, qu'on est tout jeune, qu'on écrit une nouvelle qui a un prix, à Mystère
Magazine, on se dit : " Non d'un chien, quel génie, je vais en faire un long
métrage ! " Effectivement, on pouvait en faire un long métrage mais qui était
étiré comme de la guimauve. Je me souviens que j'avais proposé (rires) ce truc-là
à Pierre Fresnay qui très gentiment m'avait dit : " Ecoute, ça ne manque pas
de talent, mais enfin je ne le tournerais pas. " (rires) C'était infantile comme
démarche. Finalement, je n'ai pas donné suite à cela, mais ma première idée
avait été de faire un polar.



Vous êtes considéré comme un spécialiste du genre en France...




Parce qu'il n'y en a pas beaucoup ! Sinon je ne serais qu'un fabriquant comme
un autre.



A partir de quel moment avez-vous senti qu'on vous considérait comme cela
?




En France il y a une forte tendance à classifier les gens. Ca on le sait, donc
on peut en jouer. Des fois, ça vous arrange d'être classifié, des fois ça vous
dérange. Alors quand cela vous arrange, on fait un film qui entre parfaitement
dans le genre : en ce qui me concerne, ce serait un polar qui se passe dans
les milieux bourgeois en province, là c'est complètement carré. Quand on en
a besoin, c'est très pratique et quand on a besoin du contraire, on s'en éloigne
et quand on s'en éloigne, ça fait partie du genre aussi, on dit : " il s'éloigne
de son genre habituel. " En réalité, je n'ai pas de genre habituel, j'utilise
les choses comme j'en ai besoin. Cela étant dit, c'est vrai que j'ai un grand
plaisir à tourner en province, un grand plaisir à tourner des histoires policières
et un assez grand plaisir à faire mordre la poussière à des " sales cons de
bourgeois " comme on dit. Voilà. (rires)



Peut-on dire que votre cinéma est un cinéma social ?



Un film social en général, c'est un film qui traite de la classe possédée, la
classe U. C'est intéressant bien entendu, il faut traiter cela, il faut dénoncer,
mais en un sens on ne fait que montrer. Moi, je trouve que c'est plus marrant
de faire du social dans l'autre sens (sourires), c'est à dire de traiter ceux
qui " ont " les autres. C'est plus significatif. Plutôt que de se contenter
de montrer, c'est mieux d'essayer de démonter, pas de démontrer, parce ça ce
n'est pas bien, de démonter les choses, et cela on ne peut pas le faire en traitant
les problèmes sociaux par la base. Il faut les traiter par le sommet : c'est
le directeur d'usine qui est intéressant, ce n'est pas l'ouvrier. Certes, l'ouvrier
est humainement plus intéressant, mais le directeur est plus intéressant pour
la manière dont marche l'usine.



La plupart des bourgeois dans vos films sont des criminels, qu'est-ce qui vous
intéresse à en faire des criminels ?




Il y a plusieurs sortes de crimes. Il y a des crimes professionnels, ça, ça
m'intéresse moins, ce qui est intéressant c'est de savoir comment le type est
devenu un professionnel du crime... Il y a les crimes chez les riches et les
crimes chez les pauvres. Les crimes chez les riches, en général, c'est très
souvent pour du pognon, ce qui ne m'intéresse pas tant que cela. Moi, j'aime
bien le paradoxe, c'est à dire les crimes chez les riches pour des histoires
de cul. Ca, ça me plaît beaucoup, ça m'amuse infiniment. Voir la passion s'introduire
dans cet univers bien policé et tout casser, cela m'enchante assez. Et en même
temps, je ne suis pas du tout contre une société régie à la bourgeoise, simplement
le principe-même entraîne des formes de mesquinerie contre lesquelles il faut
lutter.



A l'opposé, vous avez aussi écrit des personnages comme le Boucher
qui n'appartiennent pas du tout à cet univers.




Bien sûr, je n'ai pas fait que des films sur la bourgeoisie. J'ai du en faire
la moitié, à peu près. Mais ce qui est amusant, c'est que j'ai été classé comme
ça. Je suis obligé de fonctionner à partir de cela, de me dire : " là, j'en
fait un, là j'en fait pas un... "



Est-ce que cela vous amuse de prendre de la distance par rapport à ce qu'on
attend de vous ?




J'ai horreur des trucs tranchés. Parmi les films que j'ai fait sur des gens
plus modestes socialement, celui que je préfère c'est Une Affaire de Femme,
parce que cela montrait bien ce qui m'intéresse dans ce genre de sujet. Bien
sûr que cette fille-là, elle n'est pas blanc-bleu, ce n'est pas Jeanne d'Arc
(qui n'est pas blanc-bleu non plus d'ailleurs), mais ce qu'elle fait, elle le
fait pour des raisons nobles, pour nourrir ses enfants. C'est comme cela que
ça commence et puis peu à peu, le principe même du luxe, de l'argent, finit
par lui donner des goûts plus larges et moins facilement justifiables. Elle
finit par ne plus être tout à fait convenable et elle ne redevient quelqu'un
de vraiment bien que parce que c'est une martyre et qu'elle tombe sur des gens
bien plus crapules qu'elle.



Vous dîtes que vous n'aimez pas les choses tranchées, et c'est vrai que les
" méchants " dans vos films ne sont jamais manichéens, ils ont toujours quelque
chose d'humain, ils ont toujours une faiblesse.




Les monstres absolus, ça n'existe pas. Il y a eu un exemple récemment avec le
type de l'Est parisien, le dénommé Guy Georges, qu'ils ont fini par faire craquer
en parlant de sa mère ! C'est absolument incroyable, c'est fou ! (rires) Il
ne lui restait pas grand chose, un tête d'épingle au bout des doigts, mais ça
a suffit à le faire craquer.



Est-ce que ce n'est pas votre travail de cinéaste de chercher la faille de l'Homme
?




Bien sûr ! Par forcément de chercher le talon d'Achille, mais appuyer là où
c'est mou... Il ne me viendrait pas à l'idée de faire juste du divertissement,
en même temps, je ne veux pas emmerder les gens. Il faut trouver un juste équilibre,
et le polar m'aide vachement parce que tout le monde finalement a envie de savoir
la fin d'une intrigue de polar. Donc, même si ce qu'on a raconté est un peu
abstrait ou complexe, l'utilisation d'une intrigue policière facilite bien des
choses pour la compréhension du spectateur. Et c'est pour cela que je comprends
mal pourquoi les jeunes cinéastes qui démarrent ne jouent pas plus la carte
du polar. Ce serait beaucoup plus facile pour eux.



Dans les Cahiers du Cinéma en 1955, vous écriviez : " Le polar est mort, il
n'existe plus en tant que genre en lui-même, il est devenu un tremplin permettant
à chaque réalisateur d'explorer son propre univers. "




Oui, c'est un peu comme cela que je le conçois. Mais la phrase maladroite c'est
" il est mort ", en fait, il n'est pas mort. Le policier tel qu'il existait
enfermé dans sa petite boîte, dans son rayon du quatrième étage de la bibliothèque,
c'est fini ! Maintenant les plus grands écrivains s'apparentent au genre policier.
Ellroy, c'est un auteur de policier.



Avez-vous ressenti une dépréciation du fait d'oeuvrer dans un genre particulier
?




C'est assez franchouillard, cela. En Angleterre, où pourtant les classes sociales
existent plus que chez nous, on se fout de savoir si un type écrit du polar
ou pas du moment qu'il est bon. Mais ce qui est terrible en France, c'est qu'on
a l'impression que ce sont les derniers repères pour montrer les différences
de classe. Il y n'y a plus de différences de classe ou très peu, les gens commencent
à se débarrasser de ces bêtises-là mais pas de dire : " lui, il écrit des policiers,
lui, il est auteur de science-fiction... " Et c'est pareil dans l'autre sens
: si un auteur de " littérature générale " écrit un policier, tous les auteurs
de policiers se marrent en disant : " quel naïf ! ", même quand le truc est
bon. Réciproquement, si un auteur de science-fiction écrit un livre qui n'est
pas de science-fiction, les autres disent : " ils feraient mieux de retourner
à sa science-fiction " et les auteurs de science-fictions pensent : " bien fait
pour sa gueule ! " (rires) Tout le monde finalement participe du jeu et de la
classification. En Amérique, ce n'est pas le cas.

Suite
de l'entretien

Propos
recueillis par Yannis Polinacci & Robin Gatto

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