Pèlerinage. Le Festival international de films de Fribourg ouvre sa 19e édition avec «Le grand Voyage» d’Ismaël Ferroukhi, cheminement d’un père et de son fils, de Marseille vers la Mecque, à la découverte de soi et de l’autre.
Passage. Le Festival se clôturera avec «Fuon» («La Complainte du vent») signé Yoichi Higashi. Le réalisateur japonais conclut ici sa trilogie entamée avec «The Crossing» et «My Grandpa», deux films présentés à Fribourg en 2002 et 2004.
Compétition longs métrages de fiction
Onze longs métrages concourent pour le Regard d’Or (Grand Prix du Festival, offert par le Canton et la Ville de Fribourg) et le Prix Spécial du Jury offert par SSA et Suissimage. Onze longs métrages (dont huit premières œuvres) pour onze pays, onze regards «vrais» posés sur autant de problématiques qui sont au cœur des préoccupations de la société d’aujourd’hui.
Ainsi de Yasmine Kassari qui, avec la fable de «L’Enfant endormi», livre une interrogation tout en sensibilité sur l’émigration vu du Sud marocain, Fanta Régina Nacro qui exorcise le démon de la guerre civile en Afrique dans «La Nuit de la vérité», Bahman Ghobadi qui, à hauteur d’enfant, relate sombrement dans «Lakposhta ham parvaz mikonand» («Les Tortues volent aussi») les petites combines pour survivre d’un village du Kurdistan irakien juste à la veille de l’invasion américaine, Ronit et Shlomi Elkabetz «Ve Lakachta Lecha Isha» («Prendre Femme») qui portent les cris d’une femme juive confrontée aux traditions patriarcales, ou Jin Yang dont «Yi zhi huà naeniu» («La Vache à lait blanche et noire») révèle la pauvreté de l’intérieur à peine quittée les côtes développées de la Chine. A leurs côtés, des films en provenance de Malaisie, du Bangladesh, de Corée du Sud, des Philippines, du Brésil et du Kirghizistan comme autant de grains de sable qui enrayent les rouages rôdés de sociétés prises dans des carcans politiques et économiques.
Le Jury international est composé de Francis Reusser (réalisateur, entre autres de «Biladi, une révolution» présenté dans le cadre du panorama «Palestine/Israël, une mémoire suisse», Suisse), Edouardo «Quintin» Antin (critique et ex-directeur du Buenos Aires Festival internacional de cine indepediente, Argentine), d’Agnès Devictor (Maître de conférence à l'université d'Avignon, auteur de «Politique du cinéma iranien» et «Au sud du cinéma», France), de Hassen Daldoul (producteur notamment des «Siestes Grenadine» et des «Poupées d’argile», Tunisie) et de Shaji Karun (réalisateur, Grand prix du Festival en 1990 pour «Piravi» («La Naissance»), Inde).
Compétition documentaire
Privilégiant une approche sociologique, la compétition documentaire présente treize films, où chaque réalisateur, dans des styles très différents, offre un regard pertinent sur l’Histoire, la géopolitique ou la culture.
«Pinochet et ses trois généraux» est une confrontation étonnante orchestrée par José Maria Berzosa qui oppose les conversations mondaines des chefs de la «démocratie autoritaire» aux témoignages douloureux de familles de disparus. «Le Malentendu colonial», plaidoyer de Jean-Marie Téno, dénonce le rôle des missions évangéliques dans le mécanisme colonial allemand. Le soldat Sergio Delgado, dans «No Tan Nuestras» de Ramiro Longo, se souvient du cafouillage de la guerre des Malouines avec humour et lucidité. Cesar Paes et Raymond Rajaonarivelo nous racontent Madagascar en accompagnant le groupe des «Mahaleo», chanteurs engagés depuis plus de trente ans. Kim Dong-won a suivi pendant plus de dix ans des prisonniers politiques en Corée du Sud, espions de Corée du Nord. Sans oublier les images tout aussi nécessaires d’Esteban Larrain (Chili), d’Idrissou Mora Kpai (Bénin), de Rolando Pardo (Argentine), de Pierre-Yves Vandeweerd (Belgique), d’Hubert Sauper (Autriche), de Raed Al Helou (Palestine), de Sergio Morkin (Argentine) et de Sipho Singiswa et Gillian Schutte (Afrique du Sud).
Le Jury documentaire est composé de Raphaëlle Aellig, (réalisatrice), de Suzette Glénadel, (ex-déléguée générale de Cinéma du Réel, France) et de Stéphane Goël, (réalisateur). Il attribuera le Prix du meilleur documentaire offert conjointement par le quotidien La Liberté et la Télévision Suisse Romande.
Les Panoramas:
Filmer l’invisible
Mosaïque de thèmes, de style, d’époques, de cultures, œuvres provocantes et lucides ou images non moins puissantes d’une quête intérieure plus silencieuse, voilà ce que propose cette rétrospective imaginée par Marina Mottin autour de la thématique de la spiritualité.
Ömer Kavur: le temps recomposé
Ömer Kavur fut à ses débuts une figure incontournable du cinéma turc «progressiste». Son œuvre s’est ensuite développée en s’inspirant du soufisme, s’attachant à revisiter le temps et l’indicible. Il nous offre ainsi une plongée dans l’intime et la quête de soi.
Palestine/Israël, une mémoire suisse
Sous les feux de l’actualité depuis plus de cinquante ans, le Proche-Orient a aussi interpellé les cinéastes suisses. En rassemblant ces regards helvétiques, Alain Bottarelli souhaite montrer comment le cinéma d’un petit pays en paix depuis plus de 150 ans peut parler d’une région pas plus grande, mais en but à la guerre et à la violence. Retour sur un engagement cinématographique.
Les Soirées Fri-Son
Pour la troisième année consécutive, le Festival de films de Fribourg s’invite à Fri-Son. Au menu, cinq soirées imaginées en harmonie avec l’esprit «Fri-Son», cinq films, témoignages à vifs et décalés de la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui. A découvrir «[Is A.]» du Japonais Kenichi Fujiwara, «Mala Leche» («Mauvais Sang») du Chilien Léon Errázuiz ou encore venant d’Inde «Thun Pa Pun Shi» («Nous ne sommes pas des moines») de Pema Dhondup. Après les projections, Fri-Son ouvre son bar jusqu’à 3h du matin.