La graine et le mulet ( second film d’Abdellatif Kechiche après l'esquive. Sélection officielle Mostra de Venise 2007, prix spécial du Jury, prix de la Fipresci et mention du prix Signis) réalise un très beau démarrage sur 90 copies avec un cumul en première semaine de 105 919 entrées France.
Un film chaleureux et attachant qui , à travers le destin d’un homme voulant ouvrir un restaurant pour faire travailler sa famille, fait l’éloge de la vie quotidienne et de la solidarité familiale.
"Un conte moderne, avec ses épines et ses roses. "Un film qui prend le temps de dire la vie ordinaire. Pas de grand nom dans la distribution des acteurs, pas de lieux idylliques, pas d’intrigue alambiquée ni de grande thèse, mais un hommage à la vie palpitante de tous les jours.
La graine et le mulet est l’éloge d’un ordinaire où nous pouvons tous devenir les héros d’un jour et vivre de grandes aventures en restant chez nous, dans notre entourage quotidien. C’est l’éloge de ces moments de bonheur que nous connaissons tous lors d’un repas de famille, éloge de ces tensions au cours des mêmes repas mais qui nous permettent de construire ensemble une famille. Hommage aussi aux travailleurs immigrés qui s’en sont sortis et à la solidarité de quartier. La graine et le mulet est un conte moderne, avec ses épines et ses roses.
Monsieur Beiji est le personnage principal du film. Il approche la soixantaine et se déplace sur une mobylette aussi essoufflée que lui. De boulots précaires en séparation, il garde pourtant le rêve d’ouvrir un restaurant où il pourra réunir à nouveau ses enfants et leur donner une chance pour s’en sortir, avoir un projet commun, une indépendance financière, la fierté de faire du bon travail. La ténacité dont il fait preuve lorsqu’il se décide enfin à passer à l’acte est époustouflante. Véritable course poursuite contre les méandres de l’administration, les partis pris des décideurs, les querelles familiales et les coups du sort, jamais l’ouverture d’un petit restaurant sur une péniche ne nous aura autant tenu en haleine, rarement couscous nous aura autant fait saliver ! Avec au passage, quelques scènes d’une vérité incroyable alors qu’elles sont extrêmement simples. Un repas de famille se déroule sous nos yeux comme une tragi-comédie aux ressorts les plus classiques, véritable drame domestique qui porte en germe l’allégorie de cet idéal de communion familiale à laquelle nous aspirons tous.
Le réalisateur Abdellatif Kechiche parle ainsi des intentions de son film : "L’alliance entre la dimension romanesque, et le rendu des personnages et de leur environnement, est pour moi primordiale, car, d’une part, le milieu dépeint est celui auquel j’appartiens, donc je suis affectivement très impliqué, et d’autre part, parce que c’est aussi en réaction à des schémas encore trop souvent réducteurs, que je voulais représenter cette famille de "Français-Arabes" dans sa complexité, et investie dans l’ouverture d’un restaurant familial, donc tournée vers un avenir qui ne soit pas forcément synonyme de la négation de sa propre singularité. Faire le plaidoyer énergique et décomplexé du droit à la différence, sans pour autant tomber dans la stigmatisation méprisante et réductrice de la représentation exotique, constitue un double enjeu, essentiel, auquel mon regard affectivement investi me prédispose, je crois."
A la Mostra de Venise 2007 où ce film était présenté en compétition officielle, il a reçu le prix spécial du Jury, le prix de la Fipresci et une mention du prix Signis.
Magali Van Reeth - Signis http://www.signis.net