Débat-projection en présence des documentaristes: Ève Lamont, Patricio Henriquez, Carole Poliquin et des membres des Lucioles
Fort de la poussée des mouvements altermondialistes et d’une plus grande mobilisation de la société civile, le cinéma documentaire engagé connaît un net regain d’intérêt. Pour mieux comprendre le phénomène et en analyser ses différentes sensibilités, Les Lundis du doc proposent pour leur prochain rendez-vous du 21 mars au Cinéma ONF à 20h, un débat-projection intitulé Cinéma engagé : au nom de quelle vérité? Les cinéastes chevronnés Ève Lamont, Patricio Henriquez et Carole Poliquin, ainsi que des représentants du collectif Les Lucioles, prendront part à la discussion, extraits de films à l’appui, pour expliquer leur démarche.
Comme d’autres créateurs, certains cinéastes documentaristes ressentent le besoin de participer au débat public et de révéler des facettes de notre monde que l’on préfèrerait, dans les lieux de pouvoir, voir occultées ou présentées sous un jour plus favorable. Le documentaire, ayant pour fonction de se nourrir du réel et de restituer, avec le plus de vérité possible, la nature des liens humains et sociaux qui régissent son fonctionnement, prend souvent le contre-pied des discours officiels ou de la couverture médiatique qui prétend à une forme d’objectivité.
Alternative à l’information et à la culture de masse, le documentaire engagé soutient ainsi son propre discours et monte au front en donnant la parole aux gens simples, aux exclus, aux marginaux, aux opposants politiques et aux pourfendeurs du système. Il adopte un point de vue critique qui dénonce la pensée unique, les idées reçues et l’ordre établi.
Mais en s’érigeant comme détenteur de la vérité, n’est-il pas à son tour en train d’imposer un modèle de pensée, une idéologie contestataire, une vision sans nuances qui escamote la complexité des enjeux et apporte plus de réponses que de questions? En ce sens, quelle valeur artistique accorder à ce type de cinéma? Quels moyens le documentaire engagé emprunte-t-il pour faire passer son message? Comment articuler une éthique de l’engagement et quand tombe-t-on dans le militantisme, voire la propagande?
Portraitiste des luttes de résistance et défenseuse de pratiques alternatives, Ève Lamont s’est bâti, en 15 ans de métier et notamment avec le film Squat!, une réputation de cinéaste radicale utopiste profondément anti-establishment. De son côté, Carole Poliquin, issue du journalisme télévisuel, s’en prend aux grands possédants de ce monde qui, au nom de la productivité et du progrès, disloque les tissus sociaux. Le Bien commun : l’assaut final et L’âge de la performance comptent parmi ses œuvres les plus percutantes. Patricio Henriquez (11 septembre 1973, le dernier combat d’Allende; Moscou, les orphelins de Lénine), quant à lui, a parcouru la planète depuis plus de 25 ans pour dénoncer la misère, l’injustice et l’oppression. Des membres du collectif autogéré des Lucioles, créé en 2002, participeront également au débat, en plus de nous présenter une compilation de leurs détonants courts métrages.
Les Lundis du doc, organisés par les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), en partenariat avec l’Office national du film du Canada, consiste en une série de débats-projections qui vise à promouvoir une réflexion sur le processus de création dans le cinéma documentaire.