Cartes blanches
Artavazd Pelechian
dimanche 30 novembre à 20h – Centre Pompidou
Le cinéaste arménien, dont la présence en France est très rare, présentera quatre films. La projection sera suivie d’une rencontre avec le public.
Le cinéma d'Artavazd Pelechian - dont Jean-Luc Godard assure qu’il est le plus grand cinéaste du monde - reste encore aujourd'hui assez peu connu en Occident. Le réalisateur, d'origine arménienne, formé au VGIK entre 1963 et 1968, vit et travaille à Moscou, qu'il ne quitte que très rarement. Son œuvre, qui se construit film après film, dans un souci de recherche et d'expérimentation, suppose qu'on la découvre, paliers par paliers, dans le mouvement de son évolution. Pelechian tourne peu et court. La densité de tout nouvel opus en fait à chaque fois une oeuvre rare.
Les Habitants
35 mm | noir et blanc | 10’ | 1970
" Le film est construit sur l'idée d'une relation pleine d'humanité avec la nature et le monde animal. Il est question bien sûr des agressions perpétrées par l'homme contre la nature, et de la menace que constitue la destruction de l'harmonie naturelle " (Artavazd Pelechian, Mon cinéma, 1988).
Les Saisons
35 mm | noir et blanc | 30’ | 1972
Les Saisons est un très beau poème où sont évoqués, en une vaste parabole, les moments déterminants de l'histoire arménienne, depuis les origines volcaniques, jusqu'à la période industrielle (www.artavazd-pelechian.net).
Fin
35 mm | noir et blanc | 8’ | 1992
Dans le train de Moscou à Erevan, Pelechian filme, caméra à l'épaule, des hommes et des femmes, d'âges et d'ethnies différentes (www.artavazd-pelechian.net).
Vie
35 mm | couleur | 6’30 | 1993
" Le profil d'une femme, tendu, défiguré - comme dans la jouissance - ainsi qu'en amorce, des gestes ancestraux. Le port de l'enfant qui vient de naître, magnifié par un ralenti, une contreplongée et l'abstraction de l'espace qui l'entoure, évoque une iconographie religieuse tout comme le portrait de la mère et l'enfant " (Jacques Kermabon).
Chantal Akerman
vendredi 5 décembre à 20h
Projection suivie d’une rencontre avec le public
Chantal Akerman est issue d'une famille émigrée d'Europe centrale dans les années 30. Elle est née à Bruxelles en 1950. Elle étudie le cinéma à l'Insas (Institut supérieur des Arts, du Spectacle et des Techniques de Diffusion), à Bruxelles. Après un premier court métrage, elle émigre à New York, où elle se passionne pour le cinéma expérimental de l'Américain Jonas Mekas et du Canadien Michael Snow, dont l'influence est perceptible dans les premières réalisations de la cinéaste. Sur place, elle réalise un court métrage et s'essaie au format long (Hotel Monterey, consacré à un hôtel pour nécessiteux de New York). Revenue en France, elle alterne, depuis 1968, documentaires (Un jour Pina a demande Pina Bausch, D'Est, Sud sur le lynchage d'un jeune Noir américain, De l'autre côté), et films de fiction (Toute une nuit, Nuit et Jour, etc.).
D’Est
Documentaire | 16 mm |110’ | France/Belgique | 1993
Impressions d’Est après la chute du mur. « Tous ces pays, en pleine mutation, qui ont vécu une histoire commune depuis la guerre, encore très marqués par cette histoire jusque dans les replis même de la terre et dont maintenant les chemins divergent. » (Chantal Akerman) D’Est est un film quasiment sans parole, le contraire des Histoires d’Amérique (où la parole est prépondérante) et en même temps son prolongement. « D’Est est profondément fictionnel, parce que cela permet au spectateur de se raconter des histoires. Le cadre aussi y est pour beaucoup, il n’est jamais documentaire. Je ne dis pas, je vais tout vous dire sur la Russie. D’Est n’est pas qu’un film sur l’Europe de l’Est. Ces images, je les avais déjà en moi. Cela a à voir avec les camps, les évacuations, les images d’avant moi. » (Chantal Akerman)
Pedro Costa
lundi 1 décembre à 20h – Nouveau Latina
Pour sa carte blanche, Pedro Costa a choisi d’inviter le réalisateur américain Jeffrey Perkins
Jeffrey Perkins est un réalisateur et un plasticien. En 1963, soldat de l’US Air Force basé à Tokyo, il fit la rencontre de Yoko Ono et de son mari Anthony Cox. Grace à eux, il découvrit le travail de Cage, Duchamp, LaMonte Young etc. et commença à participer à des concerts, des performances.
En 1967, Après son départ pour L.A. il commença à travailler pour le Fox Venice Theater et créa le groupe psychédélique multimédia « Single Wing Turquoise Bird » avec qui il fit des concerts aux côtés de groupes comme le Velvet Underground, les Yardbirds, Cream, Sly and the Family Stone.
Il développa aussi une relation artistique avec le peintre expressionniste abstrait Sam Francis.
Avant-premières
Philippe Grandrieux
samedi 6 décembre à 20h – Centre Pompidou
Un Lac
Fiction | 35 mm | 90’ | France | 2007
Avec Dmitry Kubasov, Natalie Rehorova, Alexei Solonchev, Simona Hülsemann, Vitaly Kishchenko
Sortie prévue début fin janvier 2009 (distribution : Shellac). Film sélectionné pour le 65ème Festival du Film de Venise (prix "Orizzonti / Mentione Speciale"). Autres festivals : Pusan, Marseille (ActOral.7), Londres, Manille, Montréal, Jérusalem, Buenos-Aires, Pologne, Mexico...
« L’histoire se déroule dans un pays dont on ne sait rien. Au nord.
La lumière est sans force. Le soleil jamais ne monte haut dans le ciel. Il reste à l’horizon.
Il faut que les choses aient lieu avec soudaineté.
Rien ne les prépare.
Ça arrive.
Les scènes sont en quelque sorte liées souterrainement, par des courants profonds invisibles en surface.
Peu de dialogues. Les répliques sont rapides.
Le film est une tragédie.
La force du cinéma est de nous faire habiter un monde, comme le rêveur habite son rêve.
Ainsi, nous marchons dans l’image. » (Philippe Grandrieux)
Après une école de cinéma à Bruxelles, Philippe Grandrieux commence à travailler sur la scène expérimentale belge où il monte des installations vidéo. A partir des années 1980, son activité se partage entre les films expérimentaux et le documentaire. En 1990, il lance l'atelier Live qui produit des plans séquences d'1 heure commandés à des artistes comme Robert Kramer ou Robert Frank.
En 1998, il réalise son premier long métrage de fiction, Sombre. Cette histoire d'amour entre un tueur en série et une jeune femme impose un style singulier très largement inspiré du cinéma expérimental. En 2002, Philippe Grandrieux poursuit son exploration d'un univers visuellement très sophistiqué avec La Vie nouvelle, son second long métrage.
Antoni Muntadas
dimanche 7 décembre à 15h – Jeu de Paume
Political advertisement VI (1952-2008)
Documentaire expérimental | dv | 60' | Espagne/USA | 2004
Présenté pour la 1ère fois le 21 octobre à Los Angeles, le film sera projeté ici pour la première fois en Europe.
Depuis 1984, Antonio Muntadas et Marshall Reese réalisent des documentaires sur le commerce de l`élection présidentielle aux Etats-Unis. Ils ont complété et mis à jour leur œuvre à chaque élection. Political Advertisement VI présente des publicités des années 50 à aujourd’hui, la campagne de 2008 incluse. Au fur et à mesure qu’ils retracent le développement des spots télévisés, ce sont la stratégie politique et les techniques de manipulation marketing du processus de campagne électorale télévisée aux Etats-Unis qui se font jour. Political Advertisement VI comporte de nombreux spots rares, dont certains n`ont jamais été diffusés. Présenté sans aucun commentaire, ce film montre un flot continu de candidats allant d’Eisenhower à Obama et Mc Cain, vendus à la manière d’un produit commercial.
Les installations vidéo et multimédia d'Antoni Muntadas étudient les messages contradictoires véhiculés par les journaux et diffusés par les médias, l'architecture et le langage. Dans son œuvre, Muntadas re-contextualise des images préexistantes de façon à inciter le spectateur à repenser la signification des messages, créant une brèche dans le flot d'informations élaboré par les publicitaires en vue d'une consommation immédiate. Il étudie le rôle joué par les médias comme instruments de socialisation et de normalisation. Son œuvre Between the Frames, porte sur le monde de l'art, sur les techniques de communication qui lui sont propres, montrant comment l'art est conçu et vendu. Dans Political Advertisement (en collaboration avec Marshall Reese), Muntadas met en lumière les manipulations liées à la diffusion de la politique à la télévision.
Khalil Joreige et Joana Hadjithomas
samedi 29 novembre à 20h – C. Pompidou
Je veux voir
Fiction | 35 mm | 75’ | Liban/France | 2008
Avec Catherine Deneuve, Rahib Mroué
Sortie nationale le 3 décembre (distribution : Shellac)
« Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l’élan de notre génération. Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : « Que peut le cinéma ? ». Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une « icône », une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué. Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit.
A travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir. Une aventure imprévisible, inattendue commence alors… » (Khalil Joreige & Joana Hadjithomas)
Christian Barani vendredi 5 décembre à 18h
Kazakhstan, naissance d'une nation de Christian Barani et Guillaume Reynard
Documentaire expérimental | dv | 64’ | France/Kazakhstan | 2008
FILM PRESENTE EN PARTENARIAT AVEC ARTE
En 1998, sept ans après l’indépendance du pays, le président autocratique kazakh Noursoultan Nazarbaiev décide de déplacer la capitale d’Almaty à Astana, dans les steppes du nord. De vertigineuses tours de verre sortent de terre, financées par les exportations de pétrole. Un discours présidentiel de 1997 sur l’avenir du Kazakhstan ouvre le film, vantant aux "trois couches sociales, les riches, les classes moyennes et les pauvres", les infinies promesses du marché.
Christian Barani et Guillaume Reynard y regardent vivre une nouvelle société, dans les oripeaux standardisés et clinquants de la richesse. S’attachant à représenter "la fiction qui dans chaque scène semble avoir précédé le réel", jusque sur un tournage du cinéaste Darejan Omirbaev, ils s’aventurent aussi dans l’envers du décor, d’une baraque de chantier à une maisonnette bientôt expropriée. À travers une oligarchie ex-soviétique en pleine expansion, un portrait mélancolique et poétique de la mondialisation.
Christian Barani, dans son parcours artistique, investit les domaines de la réalisation, de la diffusion et de la transmission. En tant que vidéaste, il décide depuis 1997 d’intervenir dans la sphère du documentaire pour des enjeux éthiques et politiques. Cette recherche est fondée sur un dispositif de tournage qui procure au plan un statut d’acte performatif et la narration se développe sous forme de fragments.
Guillaume Reynard est illustrateur à Paris. Il collabore avec plusieurs maisons d’édition et publie dans différents titres de la presse écrite (Le Monde, Libération...). Sans s`inscrire dans une représentation stricte ou anecdotique du réel, son travail fait de dessins figuratifs, explore le lien qui unit les êtres aux lieux, les êtres aux objets. Le lien qui unit les êtres entre eux.
Ken Jacobs
vendredi 5 décembre à 15h – Jeu de Paume
The Scenic Route
Vidéo expérimentale | dv | 25’ | USA | 2008
« Une des belles choses avec les films, c’était que tu pouvais facilement les garder à distance. Nous sommes en plusieurs dimensions, ils sont plats, alors c’était facile. Mais avec The Scenic Route, le film semble sortir de l’écran et repousser les lignes de démarcation. » (Ken Jacobs)
Ken Jacobs est né en 1933 à Brooklyn, NYC. Il a fréquenté l'école supérieure des Arts Industriels et a assisté à de nombreuses projections au Musée d'Art Moderne de New York. Il économise suffisamment d'argent pour acheter une caméra et prendre des cours de cinéma au City College de New York. A cette époque, il commence à s'intéresser très sérieusement à la peinture, prend des cours avec Hans Hoffman mais se concentre finalement sur la réalisation. Il rencontre par la suite le réalisateur Jack Smith avec qui il se lie d'amitié et réalise ses premiers films dont Orchard Street et Blonde Cobra à partir de films récupérés. Jacobs « aime déconstruire des films existants, voir ce dont ils gardent une trace, et ce qu'ils perdent lorsqu'ils sont projetés à vitesse normale. On y découvre des histoires et bien plus encore ».
Il est le fondateur du Millenium Film Workshop à New York et a créé avec Larry Gottheim le département cinéma de l'Université de New York de Binghamton, où il enseigne depuis 1971. Il a été l'invité du DAAD (Berlin Artist's Program) en 1986. Le MOMA lui a consacré une rétrospective en 1996. Les Nervous System Performances sont ses films les plus connus.